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Le 13 mars 1925, un homme rentre chez lui, tout content. Et il a une bonne raison d’être heureux vu qu’on vient de lui vendre la Tour Eiffel. 🗼 #thread #DeconfinementJour10
— L’instant Culture (@BrunoPluss) May 20, 2020
Victor Lustig est né en 1890 en Autriche-Hongrie. Issue d’une famille bourgeoise, Victor parle 5 langues ! Du genre débrouillard et petit malfrat, il commence à gagner de l’argent en trichant aux cartes.
C’est en 1920 que Victor part aux Etats-Unis. Ici, il se fait appeler Comte Lustig et il commence une carrière d’escroc. En effet, avec assurance et charisme, il prétend connaître les résultats des courses de chevaux. Seulement, il a le don de disparaître lorsqu’on lui donne de l’argent pour connaître les bons filons.
Victor est un escroc talentueux. Pour preuve, durant toute sa période Américaine, il parviendra à escroquer Al Capone.
Durant les années 20, après la guerre, Paris est en plein essor. Victor y déménage pour profiter un peu de l’argent qu’il a amassé. Mais, plutôt dépensier, il se retrouve vite fauché.
Lisant le journal pour trouver l’inspiration de sa nouvelle combine, il tombe sur un article parlant des difficultés d’entretien de la Tour Eiffel. Il faut rappeler que la Tour Eiffel, construite pour l’exposition universelle de 1899 devait ensuite être déconstruite. D’ailleurs, c’est la grande guerre qui a « sauvé » la Tour étant donné qu’elle a servit d’antenne durant le conflit.
Dans son article, le journaliste conclue en écrivant « Devra-t-on vendre la tour Eiffel ? ». C’est de là que Victor tirera le plan de sa nouvelle escroquerie.
Se mettant en tête de vendre la tour à un naïf, il se fabrique une fausse carte de fonctionnaire Français et un faux certificat de vente. Il invite ensuite les 5 plus gros ferrailleurs de la capitale à une réunion de négociations dans un hôtel luxueux de Paris. Le jour du rendez-vous, les 5 ferrailleurs répondent présents. Ici, encore une fois armé de son bagou et de son audace, Victor prétend représenter le ministère des postes, télégraphes et téléphones. Il explique que la Tour doit être détruite et que les 7000 tonnes de ferrailles doivent être vendues.
Après la réunion, Lustig amène les 5 naïfs à la Tour avec l’objectif de sonder l’état d’esprit de ces derniers. Il se présente au guichet avec sa fausse carte de ministre qui passe sans aucun souci ! Achevant de semer le doute chez les ferrailleurs.
Le soir, quand Victor rentre chez lui, il a choisi sa cible. Ce sera André Poisson, un homme timide et ayant un manque de confiance en soi apparent. Cependant, la femme d’André est moins naïve et flaire l’entourloupe. Pour endormir tout soupçon, Victor rencontre de nouveau André. Cette fois-ci, il lui fait des confidences.
Victor explique que son poste au ministère est mal payé et qu’il espère mettre en douce une partie de la somme de la vente dans sa poche. La corruption étant importante chez les fonctionnaires Français à cette époque, cet argument fini d’endormir la méfiance d’André.
Ce qui nous amène à ce beau jour du 13 mars 1925 où, bien que cela paraisse totalement fou, André Poisson signe un chèque à Victor Lustig pour l’achat de la Tour Eiffel ainsi qu’un pot de vin lui étant destiné !
Rapidement, André Poisson comprend qu’il a été arnaqué. Lustig, qui a fui à Vienne, arpente les journaux Français dans l’attente d’un article parlant de son méfait. C’est avec surprise qu’il se rend compte après plusieurs jours que personne ne parle de son escroquerie.
Et pour cause ! André Poisson, trop honteux de s’être fait avoir, n’a pas osé porter plainte auprès de la police !
Un mois après, Victor rentre en France pour réitérer l’opération. Mais cette fois les acheteurs, moins naïfs, comprennent l’arnaque et dénoncent Lustig à la police. Il fuit in extremis vers les USA.
Aux Etats- Unis, Lustig se met à l’impression de faux billets. Il se fait attraper par la police dans l’Oklahoma mais convainc le shériff de le libérer en échange d’une presse servant à imprimer de gros billets. Le shériff accepte.
Mais le shériff comprend s’être fait rouler et attrape de nouveau Lustig à Chicago. Cette fois-ci, avec son audace légendaire, il explique au shériff qu’il s’est mal servi de la machine. Il lui propose de rentrer en Oklahoma pour lui montrer. Le shériff tombe à nouveau dans le panneau.
Lustig finira quand même par se faire attraper une énième fois et est emprisonné à New York. Pour finir en beauté, il s’évade la veille de son procès grâce à une corde faite avec ses draps. 27 jours après il est rattrapé et condamné. Et cette fois-ci pour de bon. Il est envoyé à Alcatraz pour une peine de 15 ans. Il finira par mourir en prison d’une pneumonie le 9 mars 1947.