M’étant récemment mis à l’écriture de threads sur twitter, vous pourrez retrouver cet article sous une forme un peu plus humoristique ici :
Aujourd’hui, petit #THREAD sur Bill Millin aka Piper Bill, soldat britannique un peu particulier puisqu’il a fait le débarquement simplement armé d’une cornemuse. Je parlerai aussi de Simon Fraser aka Lord Lovat, qui pourrait faire l’objet d’un thread à lui tout seul 😎
— L'instant Culture (@BrunoPluss) May 19, 2020
Bill Millin surnommé Piper Bill, est un soldat britannique un peu particulier puisqu’il a fait le débarquement simplement armé d’une cornemuse.
Né le 14 juillet 1922 à Glasgow en Ecosse d’un père policier, Bill grandit et va à l’école à Shettleston, un quartier dans la banlieue de Glasgow avant de rejoindre la Territorial Army lorsque sa famille déménage à Fort William. Ici, il commence à jouer dans les groupes de cornemuses de la Highland Light Infantry et de la Queen’s Own Cameron Highlanders.
Mais la seconde guerre mondiale éclate et Bill se porte volontaire pour devenir commando. Il part s’entraîner à Achnacarry, un château connu pour avoir été un camp d’entrainement des forces alliées entre 1942 et 1945.
C’est d’ailleurs ici que viendra s’entraîner le commando Kieffer, composé des 177 bérets verts Français qui débarqueront en France le 6 juin 1944.
Ce camp d’entraînement est réputé pour être d’une difficulté extrême. Il prépare les soldats au débarquement. Durant les exercices, les soldats s’entraînent à balles réelles et plusieurs apprentis commandos mourront accidentellement avant même de commencer la guerre.
Ce qu’il faut savoir, c’est que les joueurs de cornemuses, traditionnellement, ont toujours été présents au sein des armées Écossaises et Irlandaises, jouant de la musique pour motiver les troupes et mener les hommes à la charge.
Cependant, il y eut tellement de joueurs de cornemuse tués (environ 1000 pipers selon les estimations) pendant la première guerre mondiale que le haut commandement britannique interdit l’usage de ces instruments au front pour le réserver aux lignes arrière.
Mais voilà, Bill Millin est sous les ordres de Simon Fraser dit Lord Lovat, commandant de la 1re Brigade spéciale britannique. Lord Lovat n’est pas un officier comme les autres.
Churchill, écrira un jour une lettre à Staline disant de lui qu’il était « le plus doux des hommes qui ait jamais sabordé un bateau ou tranché une gorge ».
C’est pour cela que Lovat, qui a fait de Bill son joueur de cornemuse personnel lui ordonne, alors qu’il n’a que 21 ans, de jouer durant le débarquement. Lorsque Bill hésite, invoquant le règlement, Lovat lui rétorque « Ah ! Mais ce sont les règles du commandement Anglais ! Toi et moi sommes Ecossais donc cette directive ne nous concerne pas. »
Le jour de l’assaut, Piper Bill, débarque sur Sword Beach avec sa cornemuse et ayant pour seule arme un sgian-dubh (un couteau traditionnel Ecossais) glissé dans la chaussette. Et encore plus original, il porte un kilt de la même couleur que celui que son père avait lors de la bataille d’Ypres en 1914. Ce qui fait de lui, le seul homme à avoir porté un kilt durant le débarquement.
Sous les balles allemandes et entouré de ses camarades se faisant massacrer (plus de 600 soldats seront tués ou blessés sur la plage ce jour-là), il marche tranquillement en jouant des airs traditionnels Écossais devant des soldats allemands médusés.
Ensuite, Lovat, Bill et leur unité rejoignent le pont de Bénouville : nom de code Pegasus Bridge. L’objectif est de venir en renfort des forces aéroportées Anglaises l’ayant pris d’assaut plus tôt dans la journée. Les parachutistes raconteront qu’ils ont entendu le son de la cornemuse avant de voir leurs renforts arriver.
Simon Fraser, avec la politesse qu’exige le statut de Lord, s’excusera auprès des Anglais en raison d’un retard sur l’objectif de 2 minutes.
Durant la marche, 12 hommes mourront d’une balle dans la tête, les commandos n’étant équipés que de bérets. Mais une fois de plus, Bill Millin s’en sort indemne.
Plus tard, Bill, racontera qu’il aurait parlé à des snipers Allemands prisonniers lui expliquant que s’ils n’avaient pas tiré sur lui, c’est parce qu’ils pensaient qu’il était fou !
Après cet épisode insolite, Bill continuera la guerre, allant aux Pays-Bas puis en Allemagne avant d’être démobilisé en 1946. Il travaillera un moment sur la propriété de Lord Lovat avant de devenir infirmier en psychiatrie.
Il reviendra régulièrement en Normandie pour les commémorations du jour J. Il meurt le 17 août 2010 à l’âge de 88 ans en Angleterre.